Imams et espace public à Ouagadougou depuis 1990: entre visibilité nouvelle et concertation entre les générations

L'islam au Burkina Faso, longtemps considéré comme une « affaire de vieux », doit notamment son dynamisme et sa visibilité accrue dans l’espace public depuis les années 1990 à l’engagement actif de jeunes musulmans tant dans le milieu associatif que dans la fonction d’imam, cette dernière ayant pourtant peu été traitée dans la littérature. À travers le cas des imams du vendredi prêchant dans la mosquée de l’Association des Étudiants Musulmans du Burkina et celle du Centre d’Études, de Recherches et de Formation Islamique à Ouagadougou, deux associations d’un islam de tendance « réformiste », il s’agit ici, d’une part, de montrer que depuis 1990, ces imams participent à la formation d’une « sphère publique musulmane » par leurs sermons plaidant pour une « remoralisation » de l’espace public. D’autre part, en tenant compte d’une expérience religieuse africaine « hybride », entre l’affirmation individuelle et communautaire, il s’agit aussi de souligner l’actuelle reconfiguration des rapports intergénérationnels entre aînés et jeunes imams. À travers les discussions entre un collège d’imams et le rectorat de la mosquée, elles sont davantage marquées par la concertation avec l’émergence d’une nouvelle génération d’imams charismatiques, tant arabisants que francisants, souvent mieux formées que leurs aînés.